CANNES 39/90, une histoire du Festival
Étienne Gaudillère
Le ridicule et le sublime, le spirituel et le mondain, l’outrance et le mystère de Cannes laissent, depuis toujours et pour longtemps encore, les foules sentimentales excitées, énervées, estomaquées, ébaubies, éberluées, étonnées, éblouies, exsangues. Épatées.
Étienne Gaudillère, auteur et metteur en scène de ses spectacles, s’intéresse à des sujets internationaux n’ayant pas ou peu été traités au théâtre. Il s’attache ici à explorer le festival cannois sous toutes ses facettes : des conditions de création du festival aux événements de Mai 68 et la révolte des réalisateurs de la Nouvelle Vague, de Jean Zay à Simone Silva, des incidences de la Guerre froide à la contestation de certaines Palmes. C’est toute l’histoire agitée du plus grand festival de cinéma au monde qu’il se propose d’aborder pour ce pari un peu fou.
Depuis ce jour d’automne 1938 où Jean Zay et Philippe Erlanger décident de créer un festival des nations libres en France en réaction à la Mostra de Venise qui vient de couronner Les Dieux du Stade de Leni Riefenstahl, s’en suit le coup d’arrêt de la Seconde Guerre mondiale. Initialement prévu pour le mois de septembre 1939, le tout premier festival est empêché par la guerre. Sa non-existence n’en reste pas moins un moment riche d’enseignements, quatre-vingt ans plus tard.
De l’année 1960 où Simenon a convaincu un jury réticent d’octroyer la Palme d’or à La Dolce Vita, à la tentative des jeunes réalisateurs de la Nouvelle Vague d’attaquer férocement le festival, jusqu’à son annulation en 1968, en passant par la sélection du film Chroniques des années de braise qui fait ressurgir les blessures de la guerre d’Algérie, Etienne Gaudillère achève son exploration du mythique festival par l’arrivée de l’économie mondiale et des partenariats privés (Canal Plus), dans un contexte d’économie et de moeurs libérées dans les années 80-90.
Ce ne sont pas moins de dix comédiens et un aéropage de personnages qui foulent les marches des cinq premières décennies de l’institution cannoise créant, entre fiction et réalité, un théâtre des entrelacs politiques et économiques qui rattrapent les enjeux artistiques du 7e art.